Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes chroniques du Neuhof
22 mai 2013

Le développement d'un village, faubourg de Strasbourg

La création d’un village :

                        Le développement du village débute avec l’arrivée des jésuites. Ces derniers ont en effet crée un collège royal à Strasbourg (l’actuel lycée Fustel-de-Coulanges). Depuis 1681 Strasbourg et ses habitants deviennent sujets du roi de France. Le traité de Westphalie de 1648 (qui a mis fin à la guerre de Trente ans, et donné l’alsace au royaume de France) ne permettait pas à Louis XIV de toucher à la religion protestante en Alsace, plus particulièrement à  la confession d’Augsbourg (luthériens). De fait il a décidé d’envoyer les jésuites à Strasbourg pour reconvertir des fidèles au catholicisme. Aussi les jésuites, pour vivre, avaient besoins d’un domaine. En 1699, les jésuites ont donc acheté la ferme du Neuhof. Ils installèrent une cour du nom de Jesuiterhoff et les terres attenantes appelées le Jesuitenfeld (domaine des jésuites). Pour faire simple le jesuiterhoff est l’emplacement actuel du presbytère catholique, de l’église Saint-Ignace (nom du fondateur de l’ordre des jésuites ou compagnie de Jésus) et de l’école Neuhof A. La rue derrière le presbytère s’appelle pour la petite histoire, rue des jésuites. Un reste du Jesuitenfeld se trouve actuellement derrière le collège du  Stockfeld.

                        Le domaine des jésuites a joué un rôle, pour utiliser le terme d’André Humm, de cristallisation. C’est en effet autour de cette ferme qu’on peut constater l’installation des premiers habitants. Ce sont naturellement d’abord des journaliers agricoles qui travaillent au sein du  domaine. Ces habitants se sont  construits des petites maisons à proximité de la ferme. On les situe généralement au début de la route d’Altenheim en partant de l’église catholique et dans la rue parallèle. Cet engouement s’explique dans le contexte d'une population  en pleine expansion en Alsace en ce XVIIIe siècle, obligeant certains alsaciens à partir (on décompte en 1728, 130 habitants, 1758,200 et après 1770, 500). Cela est dû à un temps relativement pacifique qui a suivi la guerre de Trente ans. Les nouveaux (les habitants venaient essentiellement de villages voisins comme Illkirch, Eshau, Plobsheim, Bischheim ou encore Wasselonne, un certain nombre des villages au-delà du Rhin à l’image de Müllen, Duntenheim, Goldscheuer et Marlen)  recevaient des lambeaux communaux afin d’assurer leur survie par la ville de Strasbourg car il faut rappeler que le Neuhof reste sous la direction de la ville. Le Neuhof est en effet un faubourg. Il faut donc remplir certaine condition. Les immigrants devaient acheter le statut juridique de manant (Schirmer). Ce droit était de type vénal mais aussi héréditaire. Les manants jouissaient en retour de la protection de la ville. Pour autant ils n’avaient pas les mêmes droits qu’un bourgeois.  Ils menaient donc une vie assez précaire. Beaucoup d’entre eux travaillaient chez les jésuites mais aussi dans des fermes aux alentours, comme la ferme Kleinclauss, Rischshoffer (sur le polygone), Gansmeyer (à la Ganzau). D’autres étaient des bûcherons dans les forêts de la ville, ou encore employés à des activités artisanales à la Ganzau (elles comprenaient un moulin à grains, à tabac, foulon, chanvre et une blanchisserie). Ce petit complexe artisanal avait comme propriétaire, le préteur royal (représentant du roi à Strasbourg), François-Joseph Klinglin.

                      Pour améliorer leur état certains cherchaient à acquérir de nouvelles terres. En 1769, la ville leur donna un espace entre la route d’Altenheim,  la Ganzau et la rue des hirondelles (du nombre de 41 parcelles), On dénombre encore des parcelles dans le quartier lizé actuel, à l’emplacement du couvent, du polygone et du Rhin Tortu. Ces terres étaient louées pour 18 ans avec un loyer de l’ordre de trois florins versés une fois par an (traditionnellement le 11 novembre à la saint Martin). Une grosse partie de manants n’étaient munis que d’un lopin de terre, insuffisant pour subvenir aux besoins d’une famille. Certains comme Lorentz et Sébastien Mey étaient des cultivateurs de plus grosse taille. 

IMG_0001[1]

L’organisation politique et religieuse du village :

              Plus le Neuhof a grandi en nombre d’habitants, plus des liens sociaux se sont formés. Nous constatons au XVIIIe siècle l’émergence d’une communauté villageoise.  Ce village n’était néanmoins pas indépendant comme l’était celui d’Illkirch. Etant un faubourg de la ville, son administration dépendait d’un représentant de la ville (le prévôt ou obermeister).  Ce dernier devait faire appliquer les décisions municipales de la ville de Strasbourg et rendait la justice. Le prévôt le plus célèbre est sans conteste, Sébastien Mey (une rue perpendiculaire à la rue Stéphanie porte son nom). Celui-ci est d’ailleurs connu pour avoir fait fabriquer une prison en bois afin d’y enfermer les manants hostiles aux règles de la municipalité. Des mesures propres au Neuhof étaient cependant prises. Une l’auberge était le lieu de réunion de la communauté villageoise.

              Du fait de cette communauté villageoise, les jésuites ont mis à disposition des habitants, majoritairement catholique, une chapelle. Cela étant dit les villageois n’avaient pas de paroisse propre. Les sacrements étaient donc dispensés à la cathédrale de Strasbourg. Pour avoir une paroisse plus proche, le Neuhof a fini par dépendre de la paroisse d’Illkirch. Malgré des doléances émanant des Neuhofois sur la nécessité de traverser la forêt pour accéder à Illkirch, la ville n’a pas, au XVIIIe siècle, dressé d’église au Neuhof. Concernant les protestants, l’on dénombre les tout premiers à partir de 1767. Cette communauté, généralement de confession luthérienne, était ressortissante de l’église Saint-Guillaume à Strasbourg. Il faut aussi rajouter que la compagnie de Jésus, dont dépendait le domaine du Neuhof, fut dissoute par Louis XV en 1764, laissant la ferme, berceau de notre Faubourg sans propriétaire.

              Les conséquences de la Révolution française :

              Dans le cadre de la convocation des Etats-Généraux par le roi Louis XVI, la population du Neuhof a participé à l’élection d’un représentant du Neuhof (Jacques Kopf). Celui-ci devait rédiger dans le cahier des doléances Strasbourgeois les demandes de sa communauté. Il était demandé par les habitants du Neuhof de ne plus accepter de manants (on considérait qu’il y avait surpopulation) et de s’occuper du problème du gibier (ce dernier trop abondant détruisait les récoltes). Le deuxième rôle de Jacques Kopf a été d’élire les deux députés qui devaient représenter la ville de Strasbourg à Versailles.

              Avec l’abolition des privilèges le 4 août 1789 par l’assemblée constituante, dont le rôle était d’écrire une constitution à la nouvelle monarchie constitutionnelle, le Neuhof a été libéré de ses contraintes juridiques. Aussi le statut de manant n’existait plus et la ville n’avait plus de véritable contrôle sur son faubourg. De fait les neuhofois en profitèrent pour prendre du bois à la forêt et tuer du gibier sans autorisation. En effet tout cela devait nécessiter pendant l’ancien régime de l’assentiment de la municipalité. Hors les privilèges municipaux avaient été abolis[1]. Cette péripétie a eu l’avantage de tisser davantage de liens au sein de la communauté. La révolution a aussi eu comme effet de faire des cultivateurs, des propriétaires de leurs terres sans avoir à payer de locations. Quant aux domaines des jésuites, il fut vendu dans la logique de la vente des biens de l’Eglise à un négociant de Strasbourg, du nom de Jean Burgraff.

               Le XVIIIe siècle a donc été une période fondamentale. C’est à ce moment là où se développe le Faubourg du Neuhof, autour nous l’avons observé, de la ferme du Neuhof achetée par la compagnie de Jésus. Les siècles suivants sont dans la continuité de ce développement mais est aussi l'époque d'un rapprochement du faubourg de Strasbourg, de sa constitution en quartier et enfin plus particulièrement pour le XXe siècle, la période des extensions.

IMG[1]

[1] Collectif : Neuhof, un village aux portes de Strasbourg, éd. Coprur, Strasbourg, 1996

 http://www.strasbourg.eu/territoire/les-quartiers/neuhof-stockfeld-ganzau

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Mes chroniques du Neuhof
  • Je suis un habitant du Neuhof, fier de son quartier. De fait mon principal objectif est de revaloriser l'image du Neuhof. Ainsi nous allons évoquer l'histoire de ce quartier de Strasbourg, souvent méconnu, et quelques faits d'actualité.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité