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Mes chroniques du Neuhof

18 août 2014

Quartier chaud et chaleur humaine

Cette belle phrase "Quartier chaud et chaleur humaine" provient d'un reportage radiophonique de la radio suisse RTS (5) dont j'ai eu la chance de participer. Tout en évoquant les réalités sociales de notre quartier, ce dernier est aussi rythmé de notes positives. Peut-être aurait-il mérité de davantage de positivité et de parler un peu plus du vieux Neuhof pour bien comprendre le caractère mosaïque. On oublie trop souvent que le Neuhof c'est aussi une forêt, une beauté urbanistique et culturelle à la fois (où se mélange une identité alsacienne bien marquée dans le vieux-Neuhof à travers les maisons et les habitants, une grande variété de cultures dont je ne pourrais vous citer du fait de l'abondance et la richesse de cette diversité de peur d'en oublier). Il est vrai que les matériaux ont été mal choisis dans le cas des grands ensembles, donnant cette impression de provisoire. Il n'en demeure pas moins qu'il y a des logiques urbaines derrière ces créations. La cité Reuss achevée en 1950, se rattache à une alternance de pleins et de vides, permettant l'aménagement de jardins et donc de lieux de sociabilité. La "demi-lune", rue Schach, a une forme atypique. De plus, la volonté de donner de la hauteur au bâtiment, c'était, permettre davantage d'espace extérieur selon la vision de Le Corbusier. Sans compter naturellement, la cité-jardin du Stockfeld de 1910 qui se réfère à Ebenezer Howard. Des exemples qu'on pourrait multiplier.

Naturellement, il ne faut pas dorer le tableau, et oublier qu'il y a une segrégation et des frustrations pour les populations qui en ont été victimes. Les matériaux, le non respect des idées de Le Corbusier en sont certainement pour quelque chose. Mais au fond, le vrai problème, c'est nous. Le processus de  ségrégation spatiale se fait selon un double facteur, social et culturel. Le géographe Hervé Vieillard-Varon explique que la colonisation a laissé des traces dans la société française. L'héritage colonial a formé des représentations, des préjugés qui s'inscrivent durablement dans les mentalités, entraînant la relégation des individus issus de l'immigration. Les jeunes ou adultes d'origine étrangère se retrouvent donc à subir deux types de préjudice, le "délit de faciès" renforcé par celui "d'adresse". Ceci, doublé par un aspect proprement sociologique, où "chaque groupe s'évertue à fuir ou à contourner le groupe immédiatement inférieur dans l'échelle des difficultés" selon Eric Maurin (économiste spécialisé sur le séparatisme social).

La municipalité strasbourgeoise, on le sait, a cherché à éradiquer ces phénomènes sociaux. Par la construction de nouvelles résidences dans et autour de la cité, l'arrivée du tramway qui a permis la connexion entre la "cité du Neuhof" avec le centre ville et les autres quartiers, et surtout par l'invention d'une nouvelle centralité (le carrefour Reuss où se situe le terminus du tram, la mairie de quartier, l'adjointe du Neuhof dans l'ancienne maison de la famille Reuss, le centre Django Rheinhardt). Celle-ci a le mérite de chercher à créer des liens sociaux entre l'ancien Neuhof (dont le centre historique est l'emplacement de l'église Saint-Ignace) et le nouveau. Malheureusement, l'actualité et la récidive (drogues, agressions, voitures brûlées) continuent à entretenir les blocs. Aussi, le nom Neuhof est évacué, on ne se sent pas appartenir à une même communauté, traçant une frontière virtuelle entre le vieux et le nouveau Neuhof (cité). Voir, on l'a vu, en son Nord également (Dans le lieu-dit de la Kibitzenau).

Le seul antidote, on le connaît, valoriser le quartier, permettre aux gens de se rassembler dans une même communauté de destin. Obliger  les médias à modifier la vue du quartier par la création de solidarités  afin de le rendre plus attractif. Avec à terme, de nouveaux habitants d'horizons différentes qui eux-mêmes adopteront ce quartier, son nom, son histoire, ses problématiques. Les lieux-dits, je me répète, sont importants pour l'histoire du quartier et son identité mais ne doivent plus servir à alimenter les replis. On rentrera ainsi dans un cercle positif où la mixité sera la règle. Ce n'est pas en maintenant les tensions entre neuhofois, avec les autres strasbourgeois, nourries par des faits d'actualité alarmistes que la situation s'arrangera. Si les gens ont envie d'établir des échanges, le rapport à notre quartier ne peut qu'aller en s'arrangeant.

La chaleur humaine doit prendre le dessus sur le quartier chaud pour faire un clin d'oeil au journaliste, Jonas Pool. 

carrefour Reuss

Maison Reus (1)   

demi-lune

La Demi-Lune (2)                                      

                             

                                                                                                             Carrefour Reuss (3)

cité Reuss

cité jardin 1910

 

Cité Reuss (2)

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              Cité-jardin de datant de 1910 (4)

(1) http://www.strasbourg.eu/territoire/les-quartiers/neuhof-stockfeld-ganzau/decouvrir-quartier-neuhof/histoire-quartier-neuhof

(2) http://www.archi-strasbourg.org

(3) http://zoom-sur-neuhof.blogspot.fr

(4) http://www.crdp-strasbourg.fr/

(5) http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/bons-baisers-de/6012298-bons-baisers-de-du-22-08-2014.html#6012297

Vieillard-Baron Hervé, "Les banlieues, entre dynamisme retrouvé et dérives ségrégatives", dans La France. Une géographie urbaine, sous la direction de Laurent CAILLY et Martin VANIER, éd. Armand Colin, Paris, 2010

http://www.strasbourg.eu/territoire/les-quartiers/neuhof-stockfeld-ganzau

A voir également sur le thème de la séparation sociale et culturelle dans les espaces urbains :

MAURIN Eric, Le ghetto français. Enquête sur le séparatisme social, éd. seuil, Paris, 2004

BELMESSOUS Hacène, Voyages en sous France, éd. les éditions de l'atelier, Paris, 2004 (Plus spécifique au Neuhof)

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2 août 2014

I have a dream !!!

Lorsqu'on consulte internet, on se rend vite compte que les blogs de notre quartier se comptent sur les doigts. C'est pourquoi je suis prêt à ouvrir ce blog à toute personne désirante participer à sa rédaction. Cette participation peut se faire sous diverses formes. Du récit de vie aux coups de coeur, aux avis sur des faits d'actualité (naturellement dans une vision humaniste et non xénophobe). Qu'on vienne des lieux-dits, de la cité, essayons de montrer des choses positives de notre quartier. 

Ce qui est le plus beau dans un quartier, est l'attachement, la vision que chacun de nous, avons du Neuhof. Qu'est-ce que le Neuhof représente pour nous ? En quoi son caractère mosaïque (sa culture, ses religions, sa diversité urbanisitique) est une chance plutôt qu'une barrière ? Pour rester un peu dans la problématique du blog, Pourquoi subsiste dans ce quartier des blocs ? Comment encourager des liens sociaux entre les individus ? 

Bref vous l'avez compris, les questions sont abondantes et variées. Nous sommes tous des acteurs ( habitants, membres d'associations, commerçants, artisans, profs) qui participent à leur manière à la vie du quartier. A mon sens, un habitant ne suffit pas à avoir une idée globale de la complexité culturelle et sociale du Neuhof. Sans nier les difficultés, il s'agit de revaloriser l'image du Neuhof, contrer les idées reçues. Ne plus avoir peur d'un nom, les lieux-dits (Stockfeld, Ganzau...) et l'identité qui tourne autour sont importants dans la vitalité et l'histoire du Neuhof mais ne doivent pas être un moyen de nier son appartenance à ce dernier. Bien au contraire, ces lieux-dits font partie de son identité. C'est justement la diversité qui fait la richesse et qui rend particulier notre lieu de vie. Je me répète certainement, mais redonnons du sens au vers d'Horace repris par l'historien Rodolphe Reuss : "Ce coin me sourit plus que tout autre". 

Merci d'avance de votre participation, contactez moi si l'envie vous prend !!! Faites que ce rêve devienne une réalité !

 

27 octobre 2013

Quelques petits évènements sur les deux derniers mois !!!

       Le premier est sans nul doute la fin des travaux de réhabilitation de l'hôpital Stéphanie en maison de retraite (EHPAD= établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), remplaçant ainsi l'ancienne juste à côté (maison de retraite de la Faisanderie). Les personnes âgées ont depuis septembre pu aménager dans ce lieu historique. En effet, je ne peux pas m'empêcher de vous parler un peu de l'histoire de ce bâtiment. D'abord il faut débuter par le nom même qui nous vient de la femme à l'initiative de sa construction, Stéphanie von Wedel (de son nom de jeune fille, Stéphanie Auguste Hamilton, née en 1852 à Stockolm), aristocrate suédoise. Cette femme était l'épouse du Statthalter impérial d'Alsace-Lorraine (représentant de l'empereur allemand à Strasbourg à partir de 1907, l'Alsace-Lorraine était en effet un Reichland sous l'empire allemand de 1870 à 1918 suite à son annexion) et eut l'idée de construire un hospice pour enfant infirme. Le but de cet hospice était de soigner, éduquer, accueillir ces enfants. Son architecture est de type victorien. L'établissement est ensuite devenu le bien connu, hôpital orthopédique Stéphanie (orthopédique depuis 1936), centre à la pointe  à partir des années 1950 notamment pendant les années 70 avec le professeur Lang. C'est d'ailleurs ce médecin qui a écrit l'histoire de l'hôpital Stéphanie en 1970. En 1995, l'hôpital est fermé car il ne pouvait recevoir les nouvelles technologies comme l'IRM. Ce service, qui porte le nom de Stéphanie, a été déménagé à l'hôpital civil. Depuis lors, cet endroit avait été laissé à l'abandon jusqu'à que soit pris la décision de le réhabiliter en maison de retraite. Rajoutons même si c'est anecdotique que Stéphanie, pour voir au combien on a apprécié cette dame, est le  nom du terminus de bus (Neuhof Stéphanie) et de la rue Stéphanie à proximité de l'hôpital. Si vous souhaitez voir cet hospice, il se trouve sur la route de la Lisière. Remarquons, par ailleurs, que le Neuhof comporte plusieurs insitutions à vocation sociale à l'image de l'établissement, "le Neuhof" (foyer pour jeunes) et d'autres dont je m'efforcerai de parler dans la partie histoire. 

 

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L'autre est l'inauguration da la nouvelle place des colombes, le samedi 5 octobre 2013.  L'intérêt de cette place est son utilité et ses origines. L'objectif était de lier le vieux-Stockfeld au nouveau-Stockfeld. Je rappelle que le vieux-Stockfeld est la cité-jardin qui date de 1910  et le nouveau-Stockfeld, extension de celle-ci dans les années 1930 (voir précédent article). La place joue donc un rôle de centre du Stockfeld (deux cités-jardins conçu comme une communauté villageoise). Pour l'explication précise de la cité-jardin et de son concept qui émane d'Ebenezer Howard, un britannique du XIXe siècle, j'en parlerai, là aussi, dans la suite de l'histoire du Neuhof. 

 

SAM_2026

 

 Collectif : Neuhof, un village aux portes de Strasbourg, éd. Coprur, Strasbourg, 1996

 http://yclady.free.fr/stockfeld.html

 

 

21 octobre 2013

Neuhof, Ganzau, Stockfeld ? Là est la question !

Avant toute chose je tiens réellement à m'excuser, je suis souvent pris ces derniers temps par mes études. Je compte un jours  vous sortir le reste de l'histoire du Neuhof dont les points sur les extensions de ce quartier à partir du XXe siècle et plus particulièrement sur les grands ensembles devraient bientôt sortir. 

En effet, ils est plus que nécessaire de les traiter pour démontrer que le centre historique du Neuhof n'a bougé que dans les représentations de ce quartier et non territorialement. On peut éventuellement faire une mini introduction, on a tout d'abord l'extension du Stockfeld (littéralement champ gagné sur la forêt) au sud du Neuhof (plus exactement au-delà de la rue anguleuse). 1910 pour ce qui concerne le vieux- stockfeld (cité-jardin classée au Monuments historiques depuis 1996), 1930 pour la cité Alexandre Ribot (du nom du prêt à accession à la propriété pour les classes populaires). Une extension de la cité-jardin est en cours de construction actuellement. A cela se rajoute naturellement de nouvelles constructions proches de la cité-jardin (maisons individuelles ou encore résidences). Au nord du noyau villageois, qui je le rappelle s'alignait tout au long de la route d'altenheim et  à l'actuelle rue des jésuites (surtout des champs), se dresse après la guerre "les grands ensembles".  Ces derniers avaient pour objectif de subvenir au manque de logements connus à la sortie de la seconde guerre mondiale (je vous renvoie notamment à l'hiver 54). Les réalisations les plus connues sont la cité Reuss, (1950), la "demi lune" (rue schach, 1966), la cité Jean-Moulin (1967), la cité Gribeauval, 1972) ou encore le Bellesdord et la cité Lizée. Pour le détail de ces constructions, je le ferai  dans la partie histoire. Des immeubles ayant pour but d'offrir le minimum vital à des familles (salle de bain, cuisine) qui vivaient le plus souvent dans des appartements du centre-ville dégradés et  dans une certaine promiscuité. Il fallait loger le plus de familles possibles tout en évitant de trop densifier afin de laisser le plus d'espaces  (jeux, rencontres, pelouses) selon les idées de Le Corbusier. Malheureusement les matériaux utilisés n'ont pas été de grandes qualités, ces structures étaient destinées à servir  temporairement. On peut encore y rajouter l'entrée nord du quartier, notamment la Kibitzenau où de nouvelles résidences ont été construites.  Ceci n'est néanmoins pas pour le moment encore mon propos. 

Aux vues de ces agrandissements, on remarque bien qu'ils sont liés au Neuhof, à un quartier qui connaît des extensions. On ne peut donc traiter de manière individuelle les problématiques qui concernent ce quartier. Bref j'en viens à faire cette introduction à la dernière partie historique de mon blog car je me suis aperçu à mon grand regret que le nouveau supermarché, rue des jésuites, se situe au Stockfeld et qu'un projet immobilier juste à côté se trouve à la Ganzau. Comment peut-on situer sur une même rue deux lieux-dits ?  Est-ce que ces nouveautés peuvent se dire être à la Ganzau ou au Stockfeld ? (Voir carte (1), guide découverte neuhof la carte page 2)

En vérité, si l'on s'en tient à la carte et à l'histoire, ces deux nouveautés sont partie intégrante du lieu-dit, jesuitenfeld (terres attenantes au domaine jésuite), le domaine étant tout bonnement "la nouvelle ferme" (Neuhof). Les nouvelles constructions se trouvent donc au Neuhof. Le Stockfeld et la Ganzau, comme vous pouvez le constater, sont plus au sud. Le supermarché et l'immobilière ont donc fait acte d'une sacrée magie pour déplacer la Ganzau et le Stockfeld à cet endroit  qui plus est en les mettant à quelques mètres, pardon à deux pas, de l'un et l'autre. Je me plaignais de voir (regarder l'article "Le nom Neuhof une nouvelle fois renié") des projets immobliers se situant  à la Ganzau ou pouvant s'y situer selon l'interprétation de la carte, omettre le terme Neuhof. Seulement dans ce cas, il y a une véritable volonté d'évacuer ce nom associé à la délinquance minoritaire du nord du quartier et ainsi diviser en plusieurs blocs un espace de vie qui a plutôt besoin d'être uni pour résoudre les problèmes. Encore une fois je ne tiens pas à dévaloriser les lieux-dits qui, comme la Ganzau, sont même plus vieux que le nom du quartier. Cependant on ne peut que déplorer qu'un mot, qui étymologiquement veut tout simplement dire "nouvelle ferme', soit à chaque fois occulté par des particuliers en ne prenant ainsi peu compte des changements.  A l'image ou symbole qu'offre le carrefour Reuss, récente centralité autour de la propriété Reuss, qui permet d'unir le Vieux-Neuhof au "Neuhof-cité". D'autant plus que celui-ci porte le nom de l'historien le plus célèbre du Neuhof, Rodolphe Reuss. 

Enfin en conclusion, j'ai pu voir, il y a pas longtemps, dans un article de Rue 89, une nouvelle manoeuvre qui tend à démarquer la Kibitzenau, nouveau quartier "bobos" (même s' il faut nuancer cette affirmation) du Neuhof qui selon un commentaire serait à partir du Polygone. Nouvelle affaire inquiétante qui diviserait, cette fois-ci, sur son nord le quartier (article qui date de juin 2013). 

(1) http://www.strasbourg.eu/territoire/les-quartiers/neuhof-stockfeld-ganzau

http://www.rue89strasbourg.com/index.php/2013/06/04/societe/tziganes-et-bobos-improbable-cohabition-a-la-kibitzenau/

 

3 septembre 2013

La cité de l'ill à la Robertsau oder nit ?

Vendredi en lisant comme à mes habitudes la page locale de Strasbourg dans les DNA, je me suis aperçu que des délinquants de la cité de l'Ill ont été condamnés. Mon étonnement a été de ne pas voir une seule fois mentionner le terme Robertsau. 

Je me suis dis, tiens donc, c'est bizarre la cité de l'Ill est bien à la Robertsau ? j'ai donc rapidement tapé sur notre ami google recherche, cité de l'Ill. Comme tout le monde j'essaie d'abord wikipedia, je cite : " La Cité de l'Ill est un quartier du nord de Strasbourg, contigu à celui de la Robertsau auquel on le rattache généralement. C'est une zone d'habitat socialqui fut construite dans les années 1960. ". Bon après en cherchant bien je suis tombé sur un blog de la Robertsau qui l'intégrait. 

Enfin bref vous m'avez compris, la chose est floue. On comprend, par l'attitude des médias et cette phrase de wikipedia un peu ambïgue, une volonté de séparer cette cité respectable de son quartier d'origine. Pourtant le cas de la Robertsau a au fond de grandes similitudes avec le Neuhof. La cité dans l'esprit des gens est isolé, au Neuhof c'est le nom même du quartier qui est renié au profit de lieux-dits, à la Robertsau on marginalise une partie du quartier en s'attardant sur le nom de la cité. 

En effet, le Neuhof tout comme la Robertsau a connu après la seconde guerre mondiale un besoin de logement, ce qui a entrainé la construction de ces grands ensembles d'immeubles. Si on veut, l'on pourrait adopter la même recette à la sauce Neuhof.  le centre du Neuhof, nous l'avons vu dans la partie histoire, est le lieu de cristallisation de notre quartier, c'est-à-dire la ferme du Neuhof (Neuehoff = nouvelle ferme), lieu qui se situe dans le vieux Neuhof à l'emplacement de l'église Saint-Ignace et de l'école primaire Neuhof A. De fait nous pourrions (ce ne serait pas trop malin et je n'y adhère pas), démarquer le Neuhof de la cité puisque le village qui s'est développé à partir du XVIIIème siècle date d'avant la seconde guerre mondiale et des extensions des années 50/60.  Mais bon nos médias n'y voient pas l'intérêt, de toute manière l'image de notre quartier est faite. Cependant il ne faudrait surtout  pas toucher au standing du quartier de la Robertsau auquel on accorde une haute estime. 

Ce qui me choque plus particulièrement est cette idée qui tend à isoler une partie du quartier aux difficultés sociales conséquentes. Il est dommage que les habitants et les médias n'intègrent pas les problématiques de la cité de l'Ill dans celles de la Robertsau. Cela permettrait d'affronter plus facilement ces dernières et dresserait des ponts entre la cité et le reste du quartier. Décidément le West End et L'East End londonien de la période victorienne n'est plus que jamais d'actualité. 

 

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26 août 2013

Un brin d'optimisme !

Désolé pour le peu de temps consacré à mon blog  mais je tiens tout de même à vous faire partager un article très intéressant qui rentre dans ma problématique, publiée dans mon introduction. En effet, un blog sur le Neuhof a publié en 2010 un article sur la nouvelle centralité effectuée par la municipalité. Cette publication de "Zoom sur le Neuhof" rejoint bien mon idée dans la mesure où elle explicite bien les efforts menés (amélioration de la vie quotidienne des habitants de la cité, quartier mieux desservi, espace culturel à l'image de Django Reinhardt et la médiathèque) qui n'aboutissent pas vraiment à une amélioration des relations entre le "Neuhof-cité" et le vieux Neuhof. J'irai même plus loin, en disant que ça va jusqu'à renier le nom de Neuhof au profit des lieux-dits. 

Naturellement, les médias, l'intégration du Neuhof dans les zones de sécurité prioritaire et la méconnaissance de l'histoire du quartier participent à accentuer ce problème. 

Cela étant dit, je ne peux que féliciter cet article qui donne la voix à quelques habitants du Neuhof, ravis de cette évolution.  

Bonne lecture !!!

http://zoom-sur-neuhof.blogspot.fr/2010/11/reuss-un-carrefour-qui-fonctionne.html

28 mai 2013

Le nom Neuhof une nouvelle fois renié

Dans le cadre de la destruction de l'ancienne maison de retraite de la Faisanderie, remplacée prochainement par l'hôpital Stéphanie réhabilité, de nouvelles résidences vont voir le jour. D'après cette affiche publicitaire les nouveaux habitants ne déménageront pas au Neuhof mais à la Ganzau. La Ganzau, tout comme le Stockfeld sont des lieux-dits avec certainement une identité forte mais en aucun cas des quartiers administratifs reconnus. 

On voit une nouvelle fois que ce terme n'est pas attractif. Pourtant ces résidents habiteront au Neuhof. Le terme Neuhof qui veut dire "nouvelle ferme" n'a plus ce sens actuellement, il fait malheureusement penser aux problèmes émanant d'une délinquance minoritaire. Il faut impérativement se réapproprier ce terme qui est le seul à même à fédérer les habitants. On ne peut plus rester pour le bien et le développement de notre quartier dans une logique de blocs. La ferme du Neuhof, on l'a vu dans la partie histoire, a été le lieu de cristallisation d'un village qui est aujourd'hui un quartier. Redonnons aux vers d'Horace le sens qu'en avait donné l'historien Rodolphe Reuss : Ce coin du monde me sourit plus que tout autre. 

SAM_1953

 

22 mai 2013

Le développement d'un village, faubourg de Strasbourg

La création d’un village :

                        Le développement du village débute avec l’arrivée des jésuites. Ces derniers ont en effet crée un collège royal à Strasbourg (l’actuel lycée Fustel-de-Coulanges). Depuis 1681 Strasbourg et ses habitants deviennent sujets du roi de France. Le traité de Westphalie de 1648 (qui a mis fin à la guerre de Trente ans, et donné l’alsace au royaume de France) ne permettait pas à Louis XIV de toucher à la religion protestante en Alsace, plus particulièrement à  la confession d’Augsbourg (luthériens). De fait il a décidé d’envoyer les jésuites à Strasbourg pour reconvertir des fidèles au catholicisme. Aussi les jésuites, pour vivre, avaient besoins d’un domaine. En 1699, les jésuites ont donc acheté la ferme du Neuhof. Ils installèrent une cour du nom de Jesuiterhoff et les terres attenantes appelées le Jesuitenfeld (domaine des jésuites). Pour faire simple le jesuiterhoff est l’emplacement actuel du presbytère catholique, de l’église Saint-Ignace (nom du fondateur de l’ordre des jésuites ou compagnie de Jésus) et de l’école Neuhof A. La rue derrière le presbytère s’appelle pour la petite histoire, rue des jésuites. Un reste du Jesuitenfeld se trouve actuellement derrière le collège du  Stockfeld.

                        Le domaine des jésuites a joué un rôle, pour utiliser le terme d’André Humm, de cristallisation. C’est en effet autour de cette ferme qu’on peut constater l’installation des premiers habitants. Ce sont naturellement d’abord des journaliers agricoles qui travaillent au sein du  domaine. Ces habitants se sont  construits des petites maisons à proximité de la ferme. On les situe généralement au début de la route d’Altenheim en partant de l’église catholique et dans la rue parallèle. Cet engouement s’explique dans le contexte d'une population  en pleine expansion en Alsace en ce XVIIIe siècle, obligeant certains alsaciens à partir (on décompte en 1728, 130 habitants, 1758,200 et après 1770, 500). Cela est dû à un temps relativement pacifique qui a suivi la guerre de Trente ans. Les nouveaux (les habitants venaient essentiellement de villages voisins comme Illkirch, Eshau, Plobsheim, Bischheim ou encore Wasselonne, un certain nombre des villages au-delà du Rhin à l’image de Müllen, Duntenheim, Goldscheuer et Marlen)  recevaient des lambeaux communaux afin d’assurer leur survie par la ville de Strasbourg car il faut rappeler que le Neuhof reste sous la direction de la ville. Le Neuhof est en effet un faubourg. Il faut donc remplir certaine condition. Les immigrants devaient acheter le statut juridique de manant (Schirmer). Ce droit était de type vénal mais aussi héréditaire. Les manants jouissaient en retour de la protection de la ville. Pour autant ils n’avaient pas les mêmes droits qu’un bourgeois.  Ils menaient donc une vie assez précaire. Beaucoup d’entre eux travaillaient chez les jésuites mais aussi dans des fermes aux alentours, comme la ferme Kleinclauss, Rischshoffer (sur le polygone), Gansmeyer (à la Ganzau). D’autres étaient des bûcherons dans les forêts de la ville, ou encore employés à des activités artisanales à la Ganzau (elles comprenaient un moulin à grains, à tabac, foulon, chanvre et une blanchisserie). Ce petit complexe artisanal avait comme propriétaire, le préteur royal (représentant du roi à Strasbourg), François-Joseph Klinglin.

                      Pour améliorer leur état certains cherchaient à acquérir de nouvelles terres. En 1769, la ville leur donna un espace entre la route d’Altenheim,  la Ganzau et la rue des hirondelles (du nombre de 41 parcelles), On dénombre encore des parcelles dans le quartier lizé actuel, à l’emplacement du couvent, du polygone et du Rhin Tortu. Ces terres étaient louées pour 18 ans avec un loyer de l’ordre de trois florins versés une fois par an (traditionnellement le 11 novembre à la saint Martin). Une grosse partie de manants n’étaient munis que d’un lopin de terre, insuffisant pour subvenir aux besoins d’une famille. Certains comme Lorentz et Sébastien Mey étaient des cultivateurs de plus grosse taille. 

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L’organisation politique et religieuse du village :

              Plus le Neuhof a grandi en nombre d’habitants, plus des liens sociaux se sont formés. Nous constatons au XVIIIe siècle l’émergence d’une communauté villageoise.  Ce village n’était néanmoins pas indépendant comme l’était celui d’Illkirch. Etant un faubourg de la ville, son administration dépendait d’un représentant de la ville (le prévôt ou obermeister).  Ce dernier devait faire appliquer les décisions municipales de la ville de Strasbourg et rendait la justice. Le prévôt le plus célèbre est sans conteste, Sébastien Mey (une rue perpendiculaire à la rue Stéphanie porte son nom). Celui-ci est d’ailleurs connu pour avoir fait fabriquer une prison en bois afin d’y enfermer les manants hostiles aux règles de la municipalité. Des mesures propres au Neuhof étaient cependant prises. Une l’auberge était le lieu de réunion de la communauté villageoise.

              Du fait de cette communauté villageoise, les jésuites ont mis à disposition des habitants, majoritairement catholique, une chapelle. Cela étant dit les villageois n’avaient pas de paroisse propre. Les sacrements étaient donc dispensés à la cathédrale de Strasbourg. Pour avoir une paroisse plus proche, le Neuhof a fini par dépendre de la paroisse d’Illkirch. Malgré des doléances émanant des Neuhofois sur la nécessité de traverser la forêt pour accéder à Illkirch, la ville n’a pas, au XVIIIe siècle, dressé d’église au Neuhof. Concernant les protestants, l’on dénombre les tout premiers à partir de 1767. Cette communauté, généralement de confession luthérienne, était ressortissante de l’église Saint-Guillaume à Strasbourg. Il faut aussi rajouter que la compagnie de Jésus, dont dépendait le domaine du Neuhof, fut dissoute par Louis XV en 1764, laissant la ferme, berceau de notre Faubourg sans propriétaire.

              Les conséquences de la Révolution française :

              Dans le cadre de la convocation des Etats-Généraux par le roi Louis XVI, la population du Neuhof a participé à l’élection d’un représentant du Neuhof (Jacques Kopf). Celui-ci devait rédiger dans le cahier des doléances Strasbourgeois les demandes de sa communauté. Il était demandé par les habitants du Neuhof de ne plus accepter de manants (on considérait qu’il y avait surpopulation) et de s’occuper du problème du gibier (ce dernier trop abondant détruisait les récoltes). Le deuxième rôle de Jacques Kopf a été d’élire les deux députés qui devaient représenter la ville de Strasbourg à Versailles.

              Avec l’abolition des privilèges le 4 août 1789 par l’assemblée constituante, dont le rôle était d’écrire une constitution à la nouvelle monarchie constitutionnelle, le Neuhof a été libéré de ses contraintes juridiques. Aussi le statut de manant n’existait plus et la ville n’avait plus de véritable contrôle sur son faubourg. De fait les neuhofois en profitèrent pour prendre du bois à la forêt et tuer du gibier sans autorisation. En effet tout cela devait nécessiter pendant l’ancien régime de l’assentiment de la municipalité. Hors les privilèges municipaux avaient été abolis[1]. Cette péripétie a eu l’avantage de tisser davantage de liens au sein de la communauté. La révolution a aussi eu comme effet de faire des cultivateurs, des propriétaires de leurs terres sans avoir à payer de locations. Quant aux domaines des jésuites, il fut vendu dans la logique de la vente des biens de l’Eglise à un négociant de Strasbourg, du nom de Jean Burgraff.

               Le XVIIIe siècle a donc été une période fondamentale. C’est à ce moment là où se développe le Faubourg du Neuhof, autour nous l’avons observé, de la ferme du Neuhof achetée par la compagnie de Jésus. Les siècles suivants sont dans la continuité de ce développement mais est aussi l'époque d'un rapprochement du faubourg de Strasbourg, de sa constitution en quartier et enfin plus particulièrement pour le XXe siècle, la période des extensions.

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[1] Collectif : Neuhof, un village aux portes de Strasbourg, éd. Coprur, Strasbourg, 1996

 http://www.strasbourg.eu/territoire/les-quartiers/neuhof-stockfeld-ganzau

 

22 mai 2013

Comment France 2 n’a pas parlé du Neuhof…, tiré de Rue89 Strasbourg

Vieil article datant du 30 octobre 2012 que je conseille malgré son ancienneté. Ce dernier renseigne bien sur la responsabilité importante des médias dans la fabrication d'une image négative de notre quartier. 

http://www.rue89strasbourg.com/index.php/2012/10/30/societe/comment-france-2-na-pas-parle-du-neuhof/

18 mai 2013

Un hameau, centré autour d'une ferme

              Une situation géographique difficile :

              Le Neuhof a une existence très récente. Pour autant il est le plus vieux faubourg de Strasbourg avec celui de la Robertsau. En effet, à première vue, la géographie de ce site est difficile. La région était couverte en partie par une forêt rhénane. Celle-ci a la particularité d’être marécageuse et est traversée par des bras du Rhin à l’image du Krimmeri, du Rhin Tortu, du Brunnwasser et le Rhin du Neuhof. Ces ruisseaux sont encore existants, pour certains, actuellement. De plus le sol caillouteux et les inondations rendaient la région encore moins attractive. Effectivement le Neuhof se trouve sur le Ried, c’est-à-dire d’après l’historien André Humm, sur la plaine inondable du Rhin.

              La ferme du Neue Hoff :

             Avant la naissance de la ferme le Neuhof, cet espace a connu de nombreux propriétaires (les seigneurs du Lichtenberg et à partir de 1370 à un bourgeois du nom de Walther Wahssicher). Mais C’est pourtant cette dernière qui a été  le berceau de notre faubourg. Le terme nous est connu par un simple document datant de 1424. Il évoque naturellement une ferme, Neue Hoff, qui veut dire nouvelle ferme. Celle-ci a certainement été construite peu avant l’année 1424 puisqu’elle est considérée comme nouvelle par la source. A cette date la ferme ne faisait pas encore partie du ban de la ville (sous autorité administrative) de Strasbourg mais d’un petit village nommé Hunsfelden, situé entre Kehl et Marlen au-delà du Rhin. Le propriétaire était en 1424, un certain Thomas Adolphe vom Brumt. Ensuite la ferme est passée aux mains de plusieurs familles patriciennes et bourgeoises de Strasbourg qui l’ont possédé en indivision. On peut citer les Zorn zum Riedt et les Endigen (familles nobles très influentes) ou encore pour les bourgeoises, les Stock et les Stoesser. C’était une ferme-placement constituée de 96 parts en 1566. Afin d’agrandir son territoire ou ban, la ville a fini par acheter petit à petit les parts de la ferme. On peut donc penser que la ferme avait une certaine importance. En 1578, Strasbourg a la majorité des parts, en 1647, elle devient la seule propriétaire. C’est à ce moment là où le Neuhof fait partie du ban de Strasbourg. La ferme, quant à elle, est allouée aux Staedel. Néanmoins, à part la ferme, le reste du site reste peu habité. Il y avait d’après nos connaissances un bûcheron et quelques orpailleurs (Goldwäscher) qui y cherchaient des paillettes d’or (celle-ci étaient cherchées dans les sables du Rhin et certainement vendues à la trésorerie urbaine). Strasbourg, pour des raisons financières, va finir par revendre la ferme du Neuhof, elle y conserve néanmoins l’autorité administrative. Un greffier du Margrave de Bade, Hertzegen, l’a acheté pour 6500 florins (dollar de l’époque pour exprimer la valeur) en 1651. Pour ensuite être à nouveau acquise par un officier, Kugler, pour un montant de 6000 florins. La ville conservait, cela dit, l’administration en contraignant le nouvel acquéreur à avoir le statut de bourgeois à Strasbourg.  Kugler a pu agrandir la ferme en achetant le pré « Staedel Maettlein ». Pourtant ce n’est pas  Kugler qui placera cette ferme comme centre du faubourg[2] et qui permettra l’émergence d’une communauté villageoise.  

 

             

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 Des orpailleurs au travail (image tirée du livre Neuhof, un village aux portes de Strasbourg)


[1] Bourgeoisie : A l’époque médiévale et moderne, la bourgeoisie est un statut. Pour devenir bourgeois il fallait acheter un droit de bourgeoisie. Celui-ci était, en plus d’être vénal, héréditaire. Etre bourgeois permettait d’avoir une influence politique et sociale de taille au sein de la cité.

Collectif : Neuhof, un village aux portes de Strasbourg, éd. Coprur, Strasbourg, 1996

[2] Faubourg : Sont des villages ou bourg qui étaient sous le ban d’une ville. De fait ils jouissaient de la protection de la ville. Ces bourgs font actuellement partie du péricentre en obtenant le statut de quartier.

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Mes chroniques du Neuhof
  • Je suis un habitant du Neuhof, fier de son quartier. De fait mon principal objectif est de revaloriser l'image du Neuhof. Ainsi nous allons évoquer l'histoire de ce quartier de Strasbourg, souvent méconnu, et quelques faits d'actualité.
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